
Hanakago — Paniers à fleurs traditionnels japonais
Les hanakago (花籠) sont des paniers à fleurs traditionnels japonais utilisés dans l’ikebana, l’art de l’arrangement floral. Tressés à la main — souvent avec un savoir-faire remarquable — ces paniers incarnent une élégance rustique, une sobriété raffinée, et un lien profond avec la nature et l’art de vivre.
Qu’est-ce qu’un hanakago ?
À première vue, un hanakago (花籠) est simplement un panier à fleurs. Mais au Japon, il représente bien plus que cela. Utilisé dans l’art délicat de l’ikebana — l’arrangement floral japonais — le hanakago allie beauté, utilité et symbolique.
Fabriqué à la main en bambou ou en osier, il existe dans une grande variété de formes et de styles de tressage. Objet fonctionnel à l’origine, le hanakago est aujourd’hui reconnu comme un objet d’art à part entière, apprécié pour sa simplicité, son élégance et sa dimension artisanale.
Une longue tradition de vannerie
L’art du tressage existe au Japon depuis la période Jōmon (environ 10 000 av. J.-C.). Mais le hanakago tel qu’on le connaît apparaît surtout durant la période Muromachi (1336–1573), au moment où le bouddhisme zen et la cérémonie du thé (chanoyu) influencent profondément l’esthétique japonaise.
C’est à cette époque que naît la sensibilité wabi-sabi — la beauté des choses simples, imparfaites, marquées par le temps. Le panier, avec sa texture organique et son humilité formelle, s’inscrit parfaitement dans cette vision.
Sous l’ère Edo (1603–1868), l’ikebana devient une discipline codifiée avec différentes écoles, et le hanakago s’impose dans les arrangements saisonniers ou informels. Dans certaines régions comme Beppu (préfecture d’Ōita) ou Kyoto, des artisans élèvent la vannerie de bambou (takezaiku) au rang d’art majeur.
Formes, matériaux et caractéristiques
La plupart des hanakago sont réalisés en bambou fendu, parfois associés à d’autres fibres naturelles comme le rotin. Le tressage peut être aéré et brut, ou au contraire très fin, presque textile.
Parmi les éléments caractéristiques :
Un corps de panier, parfois doublé d’un récipient intérieur pour contenir l’eau
Une anse arquée, intégrée ou ajoutée (appelée mochite ou tezuki en japonais)
Un éventuel socle en bois pour la mise en valeur
Les formes varient : cylindriques, globulaires, carrées... selon l’usage ou l’inspiration de l’artisan.
Le hanakago dans l’ikebana
Dans la pratique de l’ikebana, le hanakago est souvent utilisé pour les compositions nageire (style libre et naturel) ou dans les écoles comme Sōgetsu ou Ichiyō, qui favorisent l’expression personnelle.
Le panier n’est pas un simple support — il fait partie de l’arrangement. Sa matière chaude, sa texture irrégulière, sa légèreté visuelle apportent contraste et harmonie avec les fleurs, les branches ou les herbes de saison.
Il évoque :
La légèreté et l’aération
Le lien avec les saisons
Un équilibre subtil entre structure et spontanéité
Il est très apprécié en été ou dans les salons de thé pour des compositions sobres et sensibles.
Esthétique du temps et de l’imperfection
Le hanakago incarne pleinement l’esthétique du wabi-sabi : il célèbre l’imperfection, l’irrégularité, le passage du temps. Un panier ancien, un peu usé ou patiné, n’est pas moins précieux — il est souvent plus émouvant.
Aujourd’hui, les hanakago sont encore utilisés dans l’ikebana, mais aussi en décoration, dans les temples, les cérémonies du thé ou les maisons traditionnelles. Certains paniers anciens réalisés par de grands maîtres de la vannerie sont exposés dans des musées ou intégrés à des collections privées.
Misubitsugi — Réparer avec respect
Chez Kizunaway, nous restaurons certains hanakago anciens en utilisant une méthode inspirée du kintsugi (la réparation dorée des céramiques), adaptée au tressage : nous l’appelons misubitsugi.
Cette technique consiste à renforcer les zones fragiles ou abîmées avec de vieux tissus japonais cousus main. Chaque réparation est visible, assumée, et ajoute une nouvelle couche de sens à l’objet. Le panier devient encore plus unique, plus vivant.
Un objet chargé de sens
Le hanakago est bien plus qu’un contenant. Il reflète un savoir-faire, une vision du monde, une manière d’habiter le temps. Que ce soit pour arranger des fleurs, décorer un espace ou simplement être contemplé, chaque hanakago porte en lui une histoire — discrète, mais profonde.







